Aider les parents pour le bien-être des enfants

Être parent, sans doute l’un des rôles les plus difficiles de la vie ! Cela demande de pouvoir puiser dans ses ressources profondes, éducatives, sociales et émotionnelles.
Or le parcours personnel de ces mères et pères fait qu’elles et ils n’y arrivent pas ou plus. Parfois, ce sont les capacités qui leur manquent pour endosser la responsabilité d’un·e enfant ou des problèmes psychologiques qui les laissent démuni·e·s face à leur fille ou fils. Elles et ils ne peuvent plus s’en occuper, voire développent des comportements inadéquats ou même abusifs.
Les encadrant·e·s de notre fondation se forment pour pouvoir aider ces parents au quotidien. Certaines situations sont douloureuses, d’autres tragiques, mais toutes requièrent beaucoup de psychologie et de finesse.
L’an passé, des conférences et des formations spécifiques, notamment la formation Gréchez, ont apporté quelques solutions et des outils pour atténuer les souffrances de plusieurs familles.

Permettre aux parents de mieux lire les signaux

Ainsi, en mai 2022, les collaboratrices et collaborateurs de nos quatre AEMO du canton ont participé à une rencontre organisée tous les deux ans par l’APEMO, l’association qui regroupe toutes les pratiques éducatives en milieu ouvert pour les familles en Suisse romande et italienne. Ce type d’événement leur a permis de renforcer les liens intercantonaux et de favoriser l’échange de pratiques professionnelles entre pairs.
Durant deux jours, parmi les thématiques abordées, celle de la parentalité à haut risque a fait l’objet d’une conférence donnée par une psychothérapeute spécialisée dans les parents ayant des troubles psychiques. Ceux-ci montrent des difficultés à créer des relations avec leurs enfants et cela a bien entendu une influence sur leur développement.
En passant en revue la naissance du lien de 0 à 6 ans, la conférencière a démontré son importance primordiale dans le bien-être et l’équilibre des bambins et des futurs adultes qu’ils seront. Elle a présenté les thérapies qui existent et qui permettent d’améliorer la perception des signaux qu’ils envoient. Pour ce faire, elle a pris l’exemple d’une mère incapable de soulager son bébé en pleurs car ses larmes la renvoyaient à ses propres souffrances. Grâce à une guidance interactive, elle a appris à décrypter ses douleurs, à les apaiser et a ainsi réussi à enrichir sa relation à son enfant.
Nos éducatrices et éducateurs ont grandement perfectionné leur pratique professionnelle avec les outils acquis durant ces deux jours. Sensibilisé·e·s à cette thématique, elles et ils ont renforcé leur compréhension des difficultés vécues autant par les parents que les enfants, victimes collatérales de ces difficultés émotionnelles et psychiques.

Mieux comprendre le ressenti des encadrant·e·s pour le bénéfice des parents

Un autre sujet, aussi très délicat, a concerné les parents soupçonné·e·s d’abus sexuels.

Ces situations restent les plus complexes à gérer, par leur nature, pour nos encadrant·e·s à la FJF. Elles touchent à l’abominable et les renvoient à leur propre intimité autant qu’à leur vision du monde. Il est toujours difficile de ne pas imaginer le pire et d’éviter d’avoir des réactions très fortes vis-à-vis du parent incriminé.

Notre fondation propose cinq « Point Rencontre » dans le canton qui offrent un espace protégé pour que l’enfant puisse renouer avec son père ou sa mère, malgré les conflits inhérents à une séparation douloureuse.
L’accès à un Point Rencontre relève d’une autorisation de justice. Si des abus sexuels sont avérés, la justice prend d’autres mesures et l’enfant n’a bien entendu plus de contact avec la ou le coupable. Dans les cas dont nous nous occupons, il s’agit fréquemment de soupçons ou d’accusations provenant de l’un·e des conjoints.

Comme personne au Point Rencontre n’a accès à l’enquête pénale en cours, cela limite les a priori et une possible partialité. C’est d’ailleurs impératif, car cela permet de maintenir cette « protection » pour la famille et de soutenir la relation enfant-parent.

La formation suivie en 2022 par trois responsables de Point Rencontre, à leur demande, leur a permis de mieux comprendre les réticences que peut ressentir un·e membre de l’équipe dans une telle situation. Certain·e·s de nos encadrant·e·s dans le cas d’un soupçon d’abus préfèrent mener un entretien accompagné·e d’un·e collègue.

Dans des cas complexes, le double regard offre deux sensibilités et donc une estimation plus pertinente de la situation, moins jugeante ou catégorique.
Le but de Point Rencontre est justement de continuer à maintenir ou à créer un lien entre le parent et son enfant. Nous observons les bienfaits autant chez l’enfant que chez le parent qui ne vit plus avec lui. Sans ces réunions, sous surveillance au besoin, il n’y aurait plus aucun contact entre eux alors même que la situation a pu être induite par de fausses accusations. Pour le parent incriminé, les conditions sont déjà suffisamment difficiles sans qu’on l’empêche de voir son enfant. Ce serait une peine supplémentaire qu’on lui imposerait.
Cette thématique, très importante, va continuer à faire l’objet de discussions lors des échanges entre les responsables de Point Rencontre. Cette formation va d’ailleurs aussi être dispensée à l’ensemble des équipes.

La formation Gréchez prône l’empathie, la bienveillance et la générosité

Cette formation s’ajoutera à celle suivie par toutes et tous les membres des équipes, six mois à une année après leur arrivée. Nos cinq Point Rencontre s’inspirent de la méthode du Français Jean Gréchez. Celui-ci prône une approche humaniste et globale. L’empathie, la bienveillance et la générosité ont présidé à la création d’espaces de rencontre et de services de médiation familiale. La formation Gréchez dure trois jours entiers pendant lesquels de nombreux jeux de rôle sont pratiqués. Les parents, l’enfant, l’encadrant·e, toutes les postures sont éprouvées afin de comprendre le ressenti des autres et se mettre à la place de toutes et tous. La formation Gréchez soutient les intervenant·e·s des Point Rencontre qui acquièrent ainsi une colonne vertébrale et une légitimité qui les aident dans leur mission.

Une mère « contaminée » que sa fille pourtant adore

La FJF veille toujours au maintien du lien entre parent et enfant même quand celui-ci est distendu. L’un de nos services dédiés, le Dispositif d’intervention et d’observation pluridisciplinaire (DIOP), envoie des éducatrices ou éducateurs à la rencontre des adolescent·e·s de 14 à 18 ans en rupture qui n’arrivent pas à trouver de réponses à leurs angoisses, inquiétudes ou mal de vivre. Ainsi l’an passé, une jeune fille souffrait d’un trouble obsessionnel compulsif (TOC) non diagnostiqué. Tout lui paraissait sale, du paquet de cigarettes ouvert à son propre shampoing entamé jusqu’à sa mère qu’elle considérait comme contaminée alors qu’elle l’aimait plus que tout.

Mère et fille se trouvaient en grande détresse. Trois de nos éducateurs du DIOP ont donc suivi une formation d’un jour donnée par TOCS Passerelles pour mieux comprendre ce que cette maladie impliquait et comment ils pouvaient aider les deux femmes. Ils se sont rendu compte que le TOC est une entité qui se nourrit de l’être le plus aimé qui devient alors un danger. Cela explique pourquoi les parents se transforment souvent en objet de dégoût. Cette formation leur a permis d’apprendre que le TOC se renforçait lorsque la jeune femme développait un sentiment d’insécurité. Ils ont ainsi pu structurer leur posture et l’adapter au plus juste à sa réalité. Ils ont réussi à apporter quelques améliorations à sa vie, mais aucun changement radical. La mère, en revanche, a pu bénéficier d’aide et d’information sur la maladie, ce qui a amoindri quelque peu sa peine.

Le soutien aux familles fait partie de notre mission. Il passe par l’appui aux parents, que nous pouvons leur offrir car nous sommes formés. Quand ceux-ci n’arrivent pas à fonctionner normalement, ce sont leurs enfants qui en sont les premières victimes. Nous savons pertinemment à la FJF qu’un·e enfant grandit dans les meilleures conditions lorsqu’elle ou il est entouré·e, aimé·e et sécurisé·e par des parents qui vont bien. C’est tout le sens de notre action.

AIDE AUX FAMILLES & SOUTIEN DES ENCADRANT·E·S

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